Notre premier conseil est de bien comprendre ce que sont la discrimination et le harcèlement moral et de savoir les identifier. Une personne qui commet du harcèlement moral ou de la discrimination est punissable par la loi au pénal. L'accusation est grave. Nous vous conseillons de lire le livre blanc des éditions Tissot paru en janvier 2013 sur la prévention du harcélement au travail. Vous y trouverez les peines encourues par les coupables.
Le harcèlement moral, c'est une succession d'actes portant atteinte à votre dignité. C'est une violence psychologique qui a de graves répercussions également sur le physique (trouble du sommeil, crises d'angoisse, ulcères, lombalgie,...etc). Les victimes entrent dans un état de stress aigu. La conséquence la plus extrême est le suicide. Le harceleur est une personne totalement dénuée d'empathie qui va se nourrir de votre souffrance. C'est dans la majorité des cas un pervers narcissique à des dégrés d'intensité divers. Comprendre le fonctionnement d'un pervers narcissique est extrêment difficile. Voici ci-dessous un peu de lecture pour y voir plus clair :
- Pervers narcissiques: quand votre chef cache un tyran. L'Express, février 2014.
- Confessions d'une perverse narcissique. L'Express, février 2014.
La discrimination, c'est l'instauration d'un régime de défaveur ayant pour but de vous empêcher d'obtenir votre diplôme. La discrimination est illégale donc les personnes qui la commettent cachent leurs réelles motivations et justifient leurs décisions qui vous sont défavorables de manière assez grotesques. C'est de cette manière d'ailleurs que l'on peut identifier une discrimination. ADDESI a recensé 5 motifs de discrimination récurrents :
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le premier et le plus important est la discrimination sur l'âge et la catégorie socio-professionnelle. La plupart des étudiants qui nous contactent ont plus de 30 ans et effectuent une reconversion professionnelle. A ce titre, ils ont déjà acquis une certaine conscience professionnelle, un sens des responsabilités et de l'autonomie. Or les centres de formations recherchent des étudiants plutôt jeunes, malléables et obéissants.
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Le deuxième motif de discrimination est la discrimination sur les origines et la couleur de peau. Nous recevons beaucoup de plaintes d’étudiants originaires de l'Afrique ou des DOM-TOM. Ces étudiants ont subis durant leur stage des remarques assez déplacées pour ne pas dire racistes et ceux qui en ont fait part à leur IFSI ont été sévèrement punis. Par ailleurs, nous avons pu remarquer que toute la diversité française est présente lors des épreuves écrites des concours pour l'admission en IFSI. Mais assez bizarrement, après l'épreuve orale, cette diversité a disparu.
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Le troisième motif de discrimination est le sexe. Nous recevons beaucoup trop de plaintes d'hommes en comparaison avec la proportion de femmes dans le métier. Certains n'hésitent pas à dire avoir été victime de sexisme.
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Le quatrième motif de discrimination est la dénonciation d'un dysfonctionnement du système. Par exemple, une étudiante ayant dénoncé à l'IFSI une aide-soignante maltraitant les patients dans une maison de retraite où elle était en stage. Ou tout simplement, des étudiants ayant résisté à des décisions administratives qu'ils jugeaient illégales. Par exemple : le refus de leur laisser accéder à leur copie d'examen.
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Le cinquième motif de discrimination est votre existence. Une formatrice n'aime pas comment vous vous habiller, la couleur de vos cheveux ou l'intonation de votre voix. Bref vous existez et c'est déjà trop pour elle.
Nous avons constaté de multiples discriminations institutionnalisées. Nous espérons très bientôt pouvoir vous fournir des données statistiques. Pour le moment, nous ne pouvons que prétendre que pour obtenir son DE, il vaut mieux :
- être une femme,
- avoir moins de 25 ans,
- avoir la peau blanche,
- ne jamais tomber malade ou être en enceinte,
- et surtout, ne jamais contredire un professionnel de soin, formateur ou IDE en stage.
Vous devez avoir conscience que la profession infirmière est assez paradoxalement une des professions les plus discriminantes de la fonction publique. Ce n'est pas nous qui le disons, mais une étude que le journal Le Monde a résumé dans cet article : Journal Le Monde, 13 juillet 2016, Discriminations à l'emploi: la fonction publique concernée. Nous vous citons le passage qui nous concerne :
"Pour compléter la vue d’ensemble, des tests d’accès à l’information ont été conduits auprès de la police nationale et d’hôpitaux, en envoyant des demandes fictives de renseignements sur les procédures à suivre pour briguer un poste. Résultat : il n’y a pas d’écart significatif entre le candidat d’origine franco-française (reconnaissable par son prénom) et celui d’origine maghrébine qui cherchent à s’informer sur le métier d’adjoint de sécurité ; le pourcentage de réponses positives à leurs démarches n’est pas loin d’être équivalent. En revanche, la différence est notable entre une personne qui se prénomme Laure et une autre qui s’appelle Anissa, s’agissant du métier d’infirmier."
Notre second conseil est de refuser la domination que l'on vous impose. Le harcèlement et la discrimination ne sont possibles que sur la base d'un rapport dominant/dominé. Votre soumission et votre acceptation de ce rapport de force vous mènent à votre perte. La plupart des personnes vous conseillent de faire profil bas, de faire le dos rond et d'attendre que cela passe. Malheureusement, un harceleur qui a trouvé une victime qui accepte sa domination ne lâche jamais sa proie. Il en est de même pour la discrimination. Si l'administration est convaincue que vous ne devez pas obtenir votre diplôme, vous ne l'aurez pas. Il n'est pas facile de refuser cette domination car vous avez toujours la crainte des représailles. Et vous avez raison car il y aura des représailles, mais sachez que les représailles seront toujours moins dommageables que l'acceptation de la domination. Vous aurez préservé votre dignité. Pour se protéger des éventuelles représailles, nous vous conseillons d'utiliser les outils que nous avons mis à votre disposition.
Si vous êtes victime de harcèlement moral sur votre lieu de stage, voici la procédure que nous vous conseillons de suivre :
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Faites un entretien privé avec la ou les personnes qui vous harcèlent. Essayez de dissiper un éventuel malentendu !
- Allez chercher un soutien dans l'équipe soignante. Quelqu'un qui n'aura pas peur de s'opposer à votre harceleur et qui acceptera de se charger de votre évaluation.
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Si l'entretien échoue et que vous ne trouvez aucun soutien, allez voir le cadre du service et demander un changement d'équipe ou de service. Quitte à travailler de nuit. Attention ! Cette étape est délicate. Le cadre du service pourrait prendre très mal le fait que vous emettiez une critique sur son service. A vous de trouver les mots justes pour lui expliquer que son service est génial, mais que vous avez une espèce d'incompatibilité d'humeur avec une soignante et que c'est bien sûr beaucoup de votre faute et que vous lui seriez éternellement reconnaisant si il pouvait adapter votre planning ou vous changer de service.
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Si le cadre refuse, contactez votre référent pédagogique et demandez-lui d'intervenir auprès du cadre pour un changement d'équipe ou alors carrément un changement de stage. Attention ! Cette étape est encore plus délicate. Vous êtes tout simplement en train de dénoncer à votre référente pédagogique de la maltraitance à votre égard sur un lieu de stage. C'est un sujet tabou. A vous de l'aborder de manière à moins stigmatiser que possible votre lieu de stage.
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Si la référente pédagogique refuse, alors il est temps pour vous d'utiliser les outils que nous mettons à votre disposition pour vous battre. La première chose à faire est de mettre par écrit tout ce que vous avez fait et de l'envoyer en accusé de réception et recommandé à l'IFSI. Vous dénoncez votre situation et vous vous placez comme victime de harcèlement moral. A partir de ce moment, vous êtes officiellement en conflit avec votre centre de formation. Pour obtenir votre diplôme, vous devrez maintenir en permanence un rapport de force juridique avec la directrice de votre IFSI. Les représailles seront réelles. Vous serez envoyés sur des lieux de stage maltraitants, certaines épreuves où vous ne serez pas protégés par l'anonymat seront invalidées. Vous serez fliqués en permanence. A vous d'anticiper chacune de ces attaques.
- Si la référente pédagogique refuse et que vous refusiez d'aller à l'affrontement par peur de perdre votre diplôme, il ne vous reste que la fuite. Mettez vous en arrêt maladie ! La loi vous autorise un certain nombre de jours d'absence en stage sans que cela n'ait aucun impact sur la validation de votre stage (article 57 de l'Arrêté 31 juillet 2009). Utilisez ce délai pour vous reposer et vous recharger.
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Si vous êtes maintenus sur votre lieu de stage, mettez en place un cahier de suivi de stage. A chaque fois que vous réalisez un soin seule, faites signer un soignant qui atteste vous avoir laissé faire ce soin seule. C'est une preuve qu'il considère le soin comme acquis. Si aucun des soignants n’accepte de signer, faites le notifier à l'IFSI par courrier avec accusé de réception et recommandé.
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Ne laissez jamais votre portfolio même si on vous le demande !
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Soyez présent pendant l'évaluation du stage et demandez que le portfolio soit d'abord rempli au crayon à papier.
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Si l'évaluation ne vous convient pas, vous avez le droit de la refuser et de demander une médiation (article 55 de l'Arrêté 31 juillet 2009). Lors de la médiation, vous pouvez faire intervenir un huissier de justice qui rédigera le compte-rendu de la médiation.
Il va de soi que votre évaluation de stage sera catastrophique. Ce sera même le point culminant du harcélement. Vous aurez endurés toutes ces humiliations pour rien. Mais cela ne veut pas dire que votre stage sera invalidé. La décision de validation revient à votre référente pédagogique. Si celle-ci émet un avis positif à la commission d'attribution des crédits, votre stage sera validé. Il faut bien sûr qu'elle reconnaisse sans vraiment l'avouer puisque le sujet est tabou que vous avez été victime de maltraitance.
Le refus d'accepter la domination de votre harceleur et l'absence de soutien du cadre du service et de votre IFSI peuvent avoir pour conséquence la rédaction d'un rapport circonstancié calomnieux qui sera envoyé à votre IFSI. La directrice sera en mesure de convoquer un conseil de discipline pour émettre un avis d'exclusion définitive. Aussi calomnieux que pourra être le rapport, la parole des soignants et du cadre ne sera jamais remise en question et vous serez exclus de la formation principalement au motif d'avoir mis en danger la sécurité des patients.
La discrimination sur le lieu de stage est plus discrète. Elle consistera surtout à vous isoler avec les aides-soignants, ne faire que des toilettes. On vous refusera toutes les opportunités d'apprendre à réaliser des soins nouveaux. Vous ne pourrez pas aller travailler avec d'autres paramédicaux. Vous serez fréquemment envoyés vers les patients les plus « difficiles ». La discrimination deviendra flagrante lors de l'évaluation du stage qui sera probablement effectuée en dehors de votre présence. Vous apprendrez alors que vous êtes un très mauvais étudiant même si pendant 10 semaines de stage on ne vous a jamais rien dit. Pour se défendre contre la discrimination en stage, vous pouvez utiliser la même procédure que pour le harcèlement moral, ci-dessus.
Le harcèlement moral à l'IFSI est beaucoup plus rare. Les étudiants en général n'ont pas suffisamment de contact avec les cadres formateurs pour parler de harcèlement. Vous serez peut-être probablement ponctuellement humiliés mais sans acharnement. Le plus souvent, lors des entretiens de fin de stage, votre référent pédagogique vous dévoilera toute votre médiocrité de manière assez sadique. Ou alors lors d'un entretien avec la directrice qui vous expliquera que vous n'êtes pas faites pour ce métier et que vous devez abandonner les études.
La discrimination à l'IFSI est par contre beaucoup plus courante. Il nous serait difficile de vous lister toutes les cas recensés. Voici les plus importants :
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Vous ne comprenez pas la note d'examen que vous avez eue. Vous avez demandé à accéder à votre copie. On vous l'a refusé ce qui laisse supposer une notation arbitraire.
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L'IFSI vous a refusé une session de rattrapage d'examen provoquant ainsi un redoublement.
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L'IFSI vous refuse vos choix de stage et vous envoie constamment sur les mêmes lieux de stage. Certains étudiants arrivent en fin de troisième année sans avoir jamais fait un prélèvement veineux.
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Vos stages sont invalidés sans justification.
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L'IFSI refuse de vous donner une copie de votre dossier scolaire.
- Vous avez eu des absences en cours justifiées et vous êtes systematiquement convoqués.
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Votre référent pédagogique vous ignore et refuse les entretiens que vous demandez.
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Vous avez effectué une interruption d'étude et l'IFSI refuse votre réintégration.
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Vous êtes convoqué à un conseil de discipline ou à un conseil pédagogique pour une faute disciplinaire que vous n'avez pas commise. L'IFSI refuse d'écouter vos arguments, ne recherchent pas la vérité et n'accorde du crédit qu'au soignant qui vous accuse et auquel vous ne serez jamais confronté. La sanction disciplinaire qui vous attend est l'exclusion définitive.
En conclusion, le harcèlement moral, la discrimination sont des abus de pouvoir commis en général par des personnes qui sont dans la toute-puissance. Votre meilleure chance de vous en sortir et de créer un rapport de force. Pour créer ce rapport, vous devez utiliser les outils que nous vous conseillons. Souvenez-vous que ce qui vous arrive est illégal. Si vous arrivez à maintenir le rapport de force, vous serez forcément gagnant.
Et notre dernier conseil, le plus important de tous, est que vous devez avant tout préserver votre santé. Ayez toujours en tête la balance bénéfices/risques entre obtenir le diplôme d'état et votre santé. Les blessures psychologiques provoquées par ces abus de pouvoir sont profondes et cicatrisent mal ou jamais. Si vous n'avez pas les ressources pour créer le rapport de force avec l'IFSI, arrêtez tout et tournez la page. Sauvez votre peau ! Vous pouvez toujours témoigner et nous rejoindre dans notre mouvement. Nous nous battrons pour vous.